Poèmes et chants
L'affiche rouge
Strophes pour se souvenir
Louis Aragon
bandeau de Souviens-toi de la déportation
Poèmes aux résistants, fusillés, déportés, hommes et femmes
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Poèmes

Strophes pour se souvenir
L'affiche rouge

Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos Morts pour la France
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Louis Aragon
l'affiche rouge Ce poème écrit par Louis Aragon en 1955, s'intitule "Strophes pour se souvenir". C'est en 1959 lorsque Léo Ferré l'a mis en chanson, qu'il a été popularisé sous le titre de "L'Affiche rouge"
Chanson "L'affiche rouge" interprétée ici par Léo Ferré"

La première interprétation fut celle de Monique Morelli

Une version récente du député communiste Pierre Dharréville

L'affiche rouge

Affiche de la propagande germano-vichyste contre la résistance.
Ces 23 résistants, membres des FTP-MOI, tous membres du Groupe Manouchian.
Missak Manouchian et ses camarades seront fusillés le 21 février 1944, au Mont Valérien.



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